ECONOMIE
LA CROISSANCE ECONOMIQUE REMISE EN CAUSE Il n’est pas un discours d’orientation politique qui ne souligne la nécessité d’une croissance économique pour notre pays, notre région, notre ville ou notre commune. Pourtant la croissance économique est-elle synonyme de croissance du bien être humain et social ? Certainement pas ! Les activités de dépollution, les prisons ou la guerre produisent de la croissance économique. Pourtant, elles ne sont que le remède des maux de notre société, centrée justement sur ce critère de développement. Ce cercle vicieux nous pousse dans une logique qui comptabilise les charges et les produits dans la même colonne, celle de la croissance économique. La croissance économique qui produit le développement économique, consiste en une spécialisation toujours plus grande des activités sociales. La limite de cette spécialisation, qui produit un bénéfice social, est le coût de la diffusion (commercialisation) des biens et des services. Si ces charges augmentent plus vite que le bénéfice lié à la spécialisation, alors la performance du développement décroît, quand bien même la croissance augmente. Il en est de même en politique. L’organisation que l’Etat produit pour une nation, engendre des contraintes sur les citoyens. La gestion d’une entreprise produit des contraintes sur les employés. Le bénéfice lié à l’organisation d’un système doit être plus important que les contraintes qui désorganisent les éléments de ce système. Il est aisé de comprendre qu’un système social qui dépenserait plus de ressources à contrôler et à sanctionner les éléments dissidents, qu’à les organiser, est un système politiquement peu développé, peu performant et mal adapté. Dans le domaine des relations sociales, les liens sont associés à des ruptures. Les liens engendrent la dépendance et la rupture engendre l’indépendance. Les individus qui partagent des valeurs sociales sont immanquablement en rupture avec d’autres valeurs sociales. Des entreprises qui collaborent au sein d’un réseau sont en rupture avec d’autres réseaux d’entreprises concurrentes. Le développement social est d’autant plus important que la plus value liée au lien qui permet d’atteindre des objectifs communs, est importante, et que les ressources affectées à entretenir des ruptures, des frontières et des privilèges est faible. Enfin, il faut citer le domaine de l’éducation et plus généralement de celui de la production de l’identité (objets, connaissances, savoir êtres). La production est associée à la consommation. Chacun sait que pour qu’un bénéfice apparaisse, la valeur de la production doit être supérieur à celle de la consommation. Cette affirmation est valable aussi bien pour des biens ou des services produits de manière industriels, que pour l’éducation nationale ou familiale. Un système qui se développe produit plus de valeur qu’il n’en consomme. Dans chacun de ces quatre domaines, qui correspondent à quatre type bien définit d’interactions sociales, il existe des relations entre le bénéfice pour le système social considéré, et les charges extériorisées dans l’environnement social biologique ou physique. L’étude de ces différentes catégories de charges et de bénéfices nous permet de déterminer l’état de développement d’un système, ainsi que sa tendance évolutive. J’ai développé dans un travail de recherche à l’IUED (Institut Universitaire d’Etude du développement), une comptabilité (la comptabilité complexe) qui, sur la base de la typologie des flux dans les systèmes sociaux (éducation, économie, politique et relation sociale) et non des éléments constituant le flux, permet de déterminer la structure des systèmes et leur état de développement à travers le critère de complexité. En effet, la nature évolue naturellement vers des états de haute complexité. Mesurer la complexité des systèmes est donc un critère fiable pour déterminer la durabilité, puisque dans la nature, les systèmes qui perdurent sont ceux qui sont les plus durables … et les plus complexe. La complexité est à la fois la capacité à transmettre son identité, son savoir, son expérience (reproduction, culture), à se transformer pour s’adapter (différenciation, économie), à dominer son environnement pour acquérir des ressources (organisation, hiérarchisation, politique) et à se lier pour atteindre des objectifs communs (relations sociales). Sur la base de ces critères, j’ai développé des outils de gestion et de planification qui, utilisés sur des systèmes sociaux (états, entreprises, association, ONG, individus,…) ou environnementaux (biotopes,…), sont des outils efficaces d’aide à la décision. Je propose notamment un nouveau type de label et de nouveaux indices qui permettent de dépasser le critère très spécifique et trop souvent prioritaire de croissance économique.
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